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un pasteur expose ses réflexions, quelques pages de son journal

Le pasteur ANGLADE expose ses réflexions pour entrer en débat avec ses lecteurs.Ecrivez moi à : aime.joyeux à gmail.com(remplacez: à par: @ et supprimez les espaces)

Etrangers entrés illégalement en France

Publié le 17 Mars 2011 par Aimé Joyeux in varia

« Nous devrions écrire aux Sénateurs et Députés, pour leur demander de tout faire en leur capacité d'élus, pour que soient renvoyés chez eux tous ces étrangers entrés ILLEGALEMENT en France, non pour travailler, non pour aimer le pays en s'intégrant, mais bien pour profiter de tous les avantages du système français, en trichant, en volant. A bon entendeur Salut ! »

 

Telle est la lettre que je reçois à l'instant.

Voici ma réponse :

 

Cher Monsieur,

     Vous êtes scandalisé par l'attitude des délinquants et des voyous et je suis d'accord avec vous; que ces voyous soient de nationalité française ou non. Mais tous les étrangers entrés illégalement en France sont-ils des voyous ?
     Permettez moi de vous raconter notre histoire vécue avec Mlle Dodo. (prénom d'emprunt)
Le papa de Mlle Dodo était militant politique en RDC ex Zaïre et ayant été menacé de mort il a trouvé "asile politique" légalement en France. Il a bien fallu qu'il y arrive illégalement ...
Dans la déclaration qu'il a faite à la France sur la composition de sa famille il a omis de mentionner Mlle Dodo née d'un premier lit.
     Mlle Dodo avait 14 ans quand son père les a quittés. Sa propre Mère, sans soutien désormais, est partie vivre en Angola, laissant sa fille Dodo au nouveau foyer de son ex-mari. Dodo a servi de domestique chez sa belle mère, sans son Père elle n'avait plus personne pour la protéger. Elle vivait la situation injustement, quasiment comme une orpheline devant mériter son existence chaque jour. Elle aurait tant voulu rejoindre son Père. Mais celui-ci ayant omis de la déclarer, elle ne pouvait pas se rendre en France par des moyens légaux telle une démarche à l'Ambassade. Elle a donc, à l'âge de 16, décidé de quitter son pays avec les services d'un marin qui la cacha à fond de cale dans un grand cargo pendant toute la traversée.
     Elle débarqua illégalement à Marseille où elle rejoignit son Père. Mais Dodo n'avait aucun droit en France. Elle ne figurait pas sur la liste des enfants de son Père expatrié. L'ofpra n'en voulait pas. Comme toutes les démarches sont très longues en attendant la réponse définitive de l'Ofra, par la préfecture, son Père l'avait inscrite à un Bac Pro. Elle profita donc bien qu'elle fut entrée illégalement des bienfaits de l'accueil de notre pays pour les mineures. Malheureusement selon l'administration il n'y avait aucune solution connue. Finalement son Père décida de l'abandonner parce qu'expulsable, elle constituait un boulet pour lui. Elle dormit ici ou là, chez des amis ou à la rue tout en allant au lycée professionnel.

     C'est à ce moment là qu'une assistante sociale me téléphona : "Monsieur le pasteur cette jeune fille qui a maintenant 18 ans est à la rue. Elle est en danger moral. VU qu'elle est protestante je pense que c'est à vous à vous en occuper. Qu'allez-vous donc faire ?" - pas mal non comme apostrophe, non ? Qu'auriez-vous fait à ma place ? Auriez-vous dit que cette jeune fille devait être conduite tout de suite à la Police et renvoyée chez elle, sans famille, au Congo RDC ?
     j'ai répondu sans plus réfléchir, :" Madame nous avons une chambre de libre, vous pouvez l'amener chez nous." Vers 19h un prof du lycée professionnel la déposa chez nous avec sa valise.
     Nous entrions dans l'illégalité en accueillant chez nous une jeune fille entrée illégalement en France et de surcroît déboutée de tous ses droits et expulsable parce que sans papier.
Je vous passe bien des détails et nos recherches pour trouver de l'aide et des conseils... aucune issue ne semblait possible. Mais Dieu débloqua notre situation. Nous avons été conseillés par un haut magistrat de la République sur les articles de loi à invoquer avec précision pour cette situation. Nous l'avons fait, le diaconat de la paroisse a payé un homme de loi pour rédiger des actes légaux reliant le Père et la fille. Un an plus tard Dodo était déclarée" réfugiée" et pouvait vivre légalement en France. Elle a continué d'habiter chez nous. Elle a achevé son BEP commerce, aujourd'hui elle a un travail et un logement, elle paie ses impôts comme tout le monde. Sa gentillesse et son amitié nous comblent toujours lorsque nous avons la chance de la revoir.

     Alors à quel moment était-elle une profiteuse, un voyou ou une délinquante ?
Quand aurait-il fallu la renvoyer chez elle ?


     Avons-nous eu tort de ne pas la livrer à la police et de la garder pendant 18 mois sous notre toit ? Pas simple de répondre à ces questions? N'est-ce pas ?


     Abraham a obtenu la rédemption de Sodome s'il s'y trouvait 10 justes dans la ville !
Ne pensez-vous pas qu'il y a 10 personnes comme Dodo, qui vaillent la peine qu'on se mette en peine pour elles ?

     Ne sommes nous pas plutôt attachés à notre confort plus qu'à l'amour de l'humanité.

     En 1950 quand je naissais. le confort des maisons étaient bien moindre mais on vivait quand même.

     Aujourd'hui où nous nous sommes considérablement enrichis, que voulons-nous défendre, notre niveau de vie ? nos richesses ? ou l'amour pour autrui ?
Pour nous chrétiens que faisons-nous de cette parole de l'apôtre Paul :
- Christ s'est fait pauvre pour nous, afin que par sa pauvreté, nous soyons enrichis. ?


     Pour Dieu les plus justes d'entre nous sont encore des délinquants, pourtant il est venu jusqu'à nous, tel est son abaissement, pour nous enrichir de son amour.
Quelle place laisserons-nous aux plus pauvres ?
Sont-ils des humains de la même chair que nous ?
Sans doute lorsque nous aurons fait le maximum devrons-nous limiter notre action, mais faisons-nous aujourd'hui le maximum ?

     Voilà cher Monsieur ma contribution à la réflexion que vous nous avez courageusement proposée. Il y a certainement plusieurs manières d'aborder ces questions.

     Vous nous avez parlé avec franchise, je l'ai fait également.
     Que l'Esprit de Dieu vous éclaire et nous conduise tous dans la Vérité.
     Votre en Jésus,

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M
<br /> Pour un cas comme celui-là, combien de milliers d'autres qui appellent à trancher. Les cas comme celui de Dodo sont plutôt exceptionnels en regard de tous les autres mentionnés dans la lettre :<br /> profiter du systême social, (d'ailleurs qui s'écroule sous le fardeau à supporter), essayer de faire de la France une terre d'I s l a m quand le nombre de ses sympathisants sera devenu plus grand<br /> que le nombre de Français "chrétiens", etc...<br /> <br /> <br />
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A
<br /> <br /> Pour ma part, je vous inviterai à mettre en action la foi chrétienne.<br /> <br /> <br /> Certains disent aujourd'hui "êtes-vous prêts à mourir pour votre foi ?" non pas à mourir en tuant les autres ou en les rejetant, mais mourir comme le Christ : en aimant jusqu'au bout.<br /> <br /> <br /> D'après un professeur de la Sorbonne, tandis que suivais un cours aux "Hautes études" à propos des mouvements chrétiens au 18e siècle, dans une courte digression, celui-ci nous a dit que le<br /> principe "de la sécurité sociale" avait été inventé, en quelque sorte, par des catholiques désireux de soulager la misère sanitaire dans laquelle se trouvaient les gens pauvres de ces années 1930<br /> à 40. Elle fut reprise dans un projet politique plus tard. <br /> <br /> <br /> Que l'es chrétiens inventent donc au 21e siècle comment mettre la charité en action et ne laissent pas seulement ce devoir aux autres religions où à la laïcité.<br /> <br /> <br /> <br />
D
<br /> Bonjour Pasteur. Je tombe par hasard, au gré des fantaisies de mon moteur de recherche, sur votre témoignage. Il est intéressant, mais voyez-vous, il y a en lui quelque chose qui me dérange<br /> profondément: vous dites que le père de Dodo l'a abandonnée. C'est cet évènement qui a déchenché le désarroi de Dodo. Je ne rentrerai pas dans les détails et les méandres de la loi sur le<br /> regroupement familial, que je trouve personnellement très discutable. Je voudrais simplement dire qu'un citoyen français aurait été sommé par la justice de subvenir à l'enfant qu'il entend<br /> abandonner. Apparemment, un étranger en est dispensé !!!! Je ne suis pas pasteur, mais je suis protestant calviniste et je connais quelques enseignements de Jésus. C'est lui qui a dit "Il faut<br /> rendre à César ce qui appartient à César" et a payé un sesterce pour le droit de passage sur un pont. En disant cela, il a voulu nous dire que même lui devait respecter le fonctionnement de la<br /> société que les hommes avaient instaurée. Alors je vous le demande, Pasteur: un étranger est-il supérieur à un français? est-il dispensé de ses obligations envers ses enfants?<br /> <br /> <br />
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A
<br /> <br /> Chère Madame, merci de votre réflexion. Tout Père est tenu de veiller sur ses enfants. Un abandon est toujours la marque d'une faute grave qu'on soit français ou étranger. Cependant la LOI<br /> française ne pouvait pas lui faire obligation de prendre soin de son enfant, puisque cette même loi ne la reconnaissait pas comme tel. Nous avons dû, en collaborant avec ce Père, réparer cette<br /> première erreur. On peut dire qu'en collaborant à cette réparation, il s'est comme repenti et a agit positivement envers elle. C'est ce que je pense.<br /> <br /> <br /> <br />