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un pasteur expose ses réflexions, quelques pages de son journal

Le pasteur ANGLADE expose ses réflexions pour entrer en débat avec ses lecteurs.Ecrivez moi à : aime.joyeux à gmail.com(remplacez: à par: @ et supprimez les espaces)

Sur le seuil (1) Réflexion d'un auteur protestant sur lEvangélisation

Publié le 8 Août 2007 par Aimé Joyeux in l'Evangéliste

A.J. : dans les lignes qui suivent je m’efforce de présenter l’ouvrage :

« Sur le seuil » -Les protestants au défi du témoignage-

 

de Laurent Schlumberger; édition Olivétan Lyon 2005.

L’intérêt de ce livre de 80 pages réside dans le fait qu’il représente un courant de pensée qui devrait se manifester dans les prochains synodes de l’ERF de 2007/2008 qui se pencheront sur le thème de « L’Evangélisation ». Il est donc intéressant de comprendre ce qu'un pateur réformé, "président de la région ouest de l'Eglise réformée de France" et membre du conseil national de cette église a à nous dire.
Je dois reconnaître que j’ai eu du mal à suivre la pensée de l’auteur, étant souvent en désaccord avec elle. Je ne peux que renvoyer mes lecteurs à leur propre lecture.

Aimé Joyeux

L.S. (ces initiales signifient que j'essaie de présenter la pensée de l'auteur encre noire)

A.J. (ces initiales signifient que je présente mes réactions à ces exposés)

I) Un contexte inédit

L’auteur essaie de répondre à trois questions :

-Dans quel cadre évoluent nos Églises

-Les mutations du paysage social et religieux

-Pourquoi les chrétiens se sentent-ils parfois si déboussolés

Pour l’auteur, la connaissance du contexte dans lequel vivent les églises fait partie de leur raison d’être. Ces nouveaux défis déterminent la compréhension qu’elles ont de leur mission.
Non ce qui détermine la compréhension qu'elles ont de leur mission c'est leur foi en JC. La connaissance des défis actuels ne déterminent que les moyens à mettre en oeuvre.

1. Les Eglises se vident mais le religieux se porte bien

L’esprit de la religion s’est socialement réinvesti dans la communication et le sport.

Pour l’auteur l’idéologie de la -communication moderne- est née d’un besoin de transparence en vue d’une réconciliation possible dans les relations des sociétés d’après l’épreuve que constitua pour l’humanité la seconde guerre mondiale. Cette idéologie de la transparence est gérée en sorte qu’elle donne l’impression de pouvoir - tout connaître, tout comprendre et tout voir - . L’information continue, le téléphone cellulaire entretiennent l’illusion du « surplomb » et de « l’ubiquité » « là ou je suis je peux avoir des voix,…, des visions, et je peux en provoquer sans limite d’espace ».p13, ce que l’auteur appelle « l’utopie religieuse de la communication ».

La « religion » du sport

Le football « résurgence du religieux » - « apparaît comme jeu profond qui condense et théâtralise les valeurs fondamentales du monde contemporain » - Il jette –un pont entre l’universel et le singulier.- une représentation du religieux sans transcendance ni salut.

A.J. Je ne vois pas le rapport entre le fait que les églises se vident, d’une part et la description que donne l’auteur du religieux qui se réinvestit dans la communication ou le sport. Quel est le religieux dont il nous parle ? En quoi la foi chrétienne serait-elle porteuse de « transparence » et donnerait-elle un sentiment « de surplomb ou d’ubiquité » dont elle serait dépossédée ?. S’il existe une telle foi chrétienne, je n’ai pas l’impression que c’est celle que je partage avec des millions d’autres chrétiens. Si les Églises s’étaient autrefois remplies de cette sorte de sentiments religieux, je pense au contraire comme une chance que de tels sentiments la quittent et se réinvestissent ailleurs.

L.S.
2. Le croire se mondialise

« la multiplication … des réseaux se vérifie aussi dans la sphère des spiritualités et des croyances ».
De grandes figures emblématiques internationales portées par les médias marquent l’actualité. De petits « entrepreneurs religieux, » venus de tous les pays appuient leur autorité non sur les grandes institutions, mais sur leur charisme personnel. La nouveauté tient a une triple conjonction : -la dimension planétaire des échanges, - leur accélération, et - le sentiment que toutes les croyances se valent et sont compatibles entre elles.

A.J. N’aurait-on pas pu en dire de même du missionnaire Paul de Tarse ?

L.S.
3. Le croyant s’est individualisé

La société contemporaine est passée du stade de l’individu émergeant, au stade de l’individu dominant, c’est à dire le passage -d’un individu soumis à la société, au stade d’une société soumise à l’individu. Le premier stade engendre la névrose, l’époque actuelle : la dépression.
-« c’est mon choix » est un slogan qui vaut aussi dans le domaine religieux. –On est passé d’appartenances religieuses… à une recherche d’accomplissement du soi croyant. »p20

A.J. Dans notre société, dite duale, les « nouveaux princes » auxquels s’offrent une infinités de possibles s’imposent peut-être à la société; mais que dire de "ceux d'en bas" ballottés à la recherche de sens, dépossédés de la possibilité d’être les auteurs de leur propre vie.

4. la transmission est en panne

« Cette hypertrophie de l’individu est l’une des principales raisons qui mettent la transmission en panne. Transmettre c’est donner la priorité au contenu sur le média, au collectif sur l’individuel, à la durée sur l’instant. Et chacun de ces points fait aujourd’hui difficulté. »

Pour l’auteur - transmettre s’oppose à - expérimenter, il me semble pourtant que la transmission des savoirs dans le cadre, par exemple, de l'apprentissage passe par l’expérimentation.
Un peu plus loin dans son texte il condamne « l’importance donnée à l’immatériel… « l’attention se focalise sur le langage, le code »… S’il en était ainsi les nouveaux catéchismes réformés auraient beaucoup de succès car le discours y prend toute l’importance et la foi abstraite en la grâce seule y est devenue une réalité quasi immatérielle. Or le KT n’intéresse plus personne et il ne me semble pas seulement que ce soit par désintérêt pour les "religions d'Autorité" . Les ados ne s’intéressent pas à cette manifestation abstraite de la grâce.

« Transmettre, c’est donner la priorité au collectif » c’est un acte « institué, conformé, pour être répété dans l’espace et dans le temps. » Or aujourd’hui « l’individu prétend de manière ultime s’autoriser de lui-même ».
Cependant il arrive que l’individu ait raison sur le groupe. Jésus s’est opposé à la tradition, Luther aussi.

« transmettre c’est donner la priorité à la durée. »
« transmettre suppose d’accorder du prix à hier et à demain. À hier car c’est aller chercher chez les morts de quoi féconder aujourd’hui. À demain, car c’est sacrifier un peu d’aujourd’hui à ceux qui viennent après moi.»

I l me semble que tous les idéologues ont écrit des choses semblables. Le marxisme a ainsi sacrifié trois générations à un avenir qui n’a jamais vu le jour. Jésus lui nous a « donné son royaume » afin que nous ne soyons pas inquiets. Ne pas être inquiet au sens de l'Évangile est une valeur factuelle, c'est un fait et non une abstraction.

« Parce que l’époque est au média, à l’individuel et à l’instant, la transmission est en panne. »

Pour ma part j’estime que c’est une chance pour l’Évangile. Combien « l’individu » est mis en avant dans le récit évangélique = cette femme qui désirait tant toucher le manteau de Jésus, celle qui veut bien manger les miettes sous la table des enfants, Barthimée et tant d’autres rejetés par l’institution, repoussés même par les apôtres, mais personnellement touchés par Jésus. Les situations nouvelles soulevées par l’auteur dérangent surtout là ou l’institution a pris la place de l’Évangile.


6. Conclusion

Ces cinq évolutions ont provoqué une « rupture du lien entre croyance et appartenance ».

Désormais on peut croire sans appartenir à une église
et appartenir sans croire, on peut « revendiquer ses racines…sans pour autant les relier à des convictions ».

Pour l’auteur le « chevalier du JEDI » représente le croyant tel qu’il se présente aujourd’hui. religieux mais sans appartenance, mondialisé et individuel, initié, « évoluant dans un espace temps complètement modulable ». Il conclue : « A quoi peut bien servir une église, si on n’a pas besoin d’elle pour croire »

Là j’avoue que cette remarque me laisse perplexe. De quel « croire » parle-t-il ?. Lorsque la proclamation de l’Evangile est arrivée sur le marché antique de l’Empire Romain, il n’y avait pas d’institution pour le soutenir. Il se trouvait cerné par une multitude de propositions religieuses de toute nature. Persécuté, combattu par les intellectuels, les religieux et les politiques de toute nature, il n’a cessé de croître.
Le « croire » auquel invite l’Évangile est d’une toute autre nature que du sentiment humain religieux, même s’il peut lui arriver de se laisser réinvestir par un tel sentiment, comme la mauvaise herbe finit toujours par revenir dans le jardin le plus soigné et impose au jardinier la plus grande des vigilances. l'Eglise est-elle vigilante?

La « rupture entre le lien croyance et appartenance » donne lieu a 2 stratégies religieuses :

- La stratégie de l’épanouissement et du développement des capacités personnelles. Les églises qui proposent ce chemin se sont adaptées à la demande : finalement c'est un croire sans appartenance.

- La stratégie de la rupture, s’attachent à la solidité de ses racines, c’est appartenir sans croire, « l’Eglise sectaire joue le même rôle que la bande de jeunes, le club de supporters…. » Les Églises protestantes « historiques » sont menacé par cette perspective qui trouve son épanouissement dans « le protestantisme fondamentaliste, émotif et moralement rigide »

L'auteur nous apporte là une mise en garde qui m’intéresse. Ces deux tendances sont présentes aujoud'hui en même temps dans la demande de ceux qui participent à la vie de l’Eglise. N’est-ce-pas le rôle de la prédication que de les amener au véritable Évangile?

Conclusion : il est urgent que les Églises retrouvent leur raison d’être. Ce qui est l’objet de la suite du livre du pasteur L. Schlumberger.
Lire la suite - Sur le Seuil (2)
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